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10 avril 2012

Un Au Revoir Pas Comme les Autres

10 avril 2007.

Cela fait déjà cinq ans. Ce qui suit comme raisonnement paraîtra sans doute cruel, mais je n'aurais jamais pensé que la vie pourrait continuer à avoir un sens après la disparition de mon père. Mais ce mystère que l'on nomme la vie nous démontre une fois de plus qu'elle ne sert qu'à nous réserver des surprises...

La douleur lancinante est passée, certes. Et je dois le dire: tant mieux. Car être incapable de faire un deuil équivaut à mourir à petit feu, on s'emmuraille dans un profond chagrin qui dissipe toute joie de vivre et brouille tout sentiment d'espoir.

J'ai dépassé ce stade et cela m'a pris du temps. Mais c'est fait.

Les autres avaient raison. Après le désespoir, la culpabilité et cet impressionnant trou béant que laissent la perte de l'être aimé, apparaît progressivement une lueur au bout du tunnel. Seul le temps, qui est un grand maître, semble avoir ce pouvoir.

Et, avant que l'on ne s'en aperçoive, les bons souvenirs liés au passé reviennent. Vous vous rendez compte que cette personne ne vous a jamais quitté et qu'elle vous accompagne, vous guide à chaque pas, du matin au soir.

Ainsi, je revois mon père à chaque fois que j'ouvre un dictionnaire, un livre, lui qui était un amoureux inconditionnel de la lecture.

Je souris lorsque j'entends des personnes affirmer qu'elles ne seraient point capables d'apprendre à parler rapidement une langue étrangère et je l'entends contredire ce raisonnement en affirmant qu'une langue étrangère devient notre meilleure alliée dès lors qu'on apprend à la respecter, et donc, à l'accepter telle qu'elle est, prenant en compte toutes ses particularités, aussi pénible que cela puisse nous sembler.

Je le revois à chaque fois que je m'adresse à un aîné, à une quelconque autorité, lui qui a fondé notre éducation sur le respect des aînés et de la hiérarchie.

Je le revois lorsque je m'apprête à gagner mon pain chaque jour, car il était convaincu que gagner son argent était crucial afin d'éviter de dépendre de quiconque.

Je le revois dans le sourire de mon frère, et dans le caractère bien trempé de ma soeur.

Je le revois lorsqu'en parcourant la carte du monde de mon agenda qui ne me quitte jamais, mon regard s'arrête sur cette contrée encore inconnue nommée "Canada", qu'il rêvait de connaître. Moi aussi, d'ailleurs. Un jour, je m'y aventurerai.

Je le revois lorsque j'achète des bananes plantains, dont il était un incontestable fan.

Je le revois lorsque j'entends un air de Joe Cocker, dont il adorait la voix rocailleuse.

Bref, et comment ne pas le revoir à la simple lecture de mon patronyme, unique en son genre. Des Kejuo, il y en a pas mal éparpillés entre le Cameroun et le Nigéria, tous provenant de la famille paternelle, certes, mais mon père a lancé la première lignée des Kita Kejuo. Et présentement, nous ne sommes que quatre à porter ce patronyme.

Nous étions certes bien différents, mais ton tempérament de fer aura laissé bien des empreintes. Et surtout, tu demeures une source inépuisable d'inspiration. Bien plus précieux qu'un testament, des maisons, des terrains ou une mine d'or, c'était de loin la meilleure éducation que tu as pu me donner: une inspiration et un exemple à suivre.

Je t'embrasse fort, Papa.

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Commentaires
P
c'est le testament le plus touchant que j'ai eu à lire<br /> <br /> courage et comme on dit chez vous<br /> <br /> "VA DE L'AVANT"
L
@Tom: Grand merci pour tes mots! Il est vrai que l'on parlait beaucoup à l'époque de nos pères et de notre difficile adaptation à Yaoundé... Mais nos pères restent uniques en eux-mêmes! Je t'embrasse, et mes amitiés à Nina et à ta maman également! @F: Tu es trop adorable, Nando! Ça me va droit au coeur! Bisous :) @Barbara: Je te comprends tout à fait! Cela m'arrive de temps à autre aussi. Bien que j'aie beaucoup travaillé sur moi-même pour que le sentiment de tristesse se transforme en bons souvenirs... Le temps est un grand maître. J'associe mon père à tout ce que je fais et, du coup, cela m'a aidée à ne plus avoir cette sensation d'abandon ou de départ. Laisse le temps faire, Barbara... Il est normal que tu ressentes encore souvent le blues! @Diana: Ma Sauterelle chérie! Exactement, on vit avec. Mais ce qui est mieux, c'est lorsqu'on est prêt à se servir de nos souvenirs comme d'une force pour continuer son bout de chemin! Je t'aime aussi :)))
D
Ma grande soeur chérie est encore celle qui sait le mieux coucher sur papier ce qu'on ressent tous... Comme dit la chanson on n'oublie jamais rien, on vit avec...<br /> <br /> Je t'aime.
B
Voici un texte que j'aurais pu transposer à ma sauce... Même si la tristesse peu revenir au moment où s'y attend le moins. Il y a peu de temps des propriétaires d'une auberge dans laquelle on mangeait souvent en famille étaient venus à leur tour dans "mon"restaurant. J'ai à peine le temps d'être heureuse de les voir que je m'aperçois que c'était l'un des derniers restaurants où mon père est allé... En les voyant, c'est comme si je le voyais à nouveau et quand ils sont partis, j'ai eu la désagréable impression qu'ils emmenaient avec eux ce furtif souvenir que j'ai eu de lui...
L
Mes pensées sont avec toi. Et en plus du respect que j'ai pour ton travail, j'en ai encore davantage pour la personne que ton père a fait de toi! Bs de Paris
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