Cinq Ans de Brésil

Cela fait déjà cinq ans. Cinq ans que mon avion en provenance de l'Europe a atterri à Rio de Janeiro, en territoire brésilien, après avoir parcouru l'Atlantique toute une nuit.

D'un côté, cela paraît énorme. Et en même temps, je me dis que ce n'est rien, car le temps semble avoir filé à une vitesse anormalement extrême.

De l'autre, cela ne me paraît pas assez, au vu de mon incessante quête d'un chez-moi et de globe-trotters semblables, en mal d'attaches et se posant des questions à tout bout de champ.

Cela me paraît hallucinant si je considère qu'il m'en faut généralement bien moins que ça pour me lasser des lieux et des situations.

Ça me fait bizarre; mais ce qui est d'autant plus singulier est que cette mesure du temps m'importe autant... Pourquoi donc? J'ai une piste: j'aime avoir emprise sur tout, et le temps, qui m'échappe, me frustre donc inlassablement. C'est sans doute ça.

Rio. J'ai fini, tant bien que mal, par m'y faire mon trou. Ou de me garantir une petite place au soleil, plus élégamment dit. Et pour quelqu'un qui repart de zéro, c'est déjà pas mal, du moins, c'est comme ça que je le ressens! Et, que l'on me croit ou non, contre toute attente, lorsque je me suis retrouvée dans cette immense ville, je me suis vite rendue compte que ce n'était pas gagné d'avance. Rio n'échappe nullement aux caractéristiques des villes tentaculaires: l'on peut y connaître tout le monde et personne à la fois. En gros, tout le monde s'aborde, se fréquente, se taquine, se plaît. Mais il est difficile de prendre la peine de se connaître. C'est une logique frappante de cette ville et qui contredit l'essence même de ma personne!

Mais on se fait à tout et il a bien fallu se faire des raisons et s'adapter à toute circonstance. Il y a eu des expériences formidables et des rencontres magiques...

Et je suis toujours là!