La Vague

La Vague ("Die Welle", 2008), film réalisé par Dennis GANSEL

Première: En Allemagne, aujourd'hui. Pendant une semaine d'atelier, un professeur de collège propose à ses élèves une expérience ayant pour but de leur expliquer comment fonctionne un régime totalitaire. Commence alors un jeu de rôles aux conséquences tragiques.
Au bout de quelques jours, ce qui avait débuté par des notions inoffensives telles que la discipline et l'esprit communautaire, devient alors un véritable mouvement : La Vague. Le 3e jour, les étudiants commencent à exclure et persécuter ceux qui n'ont pas rallié leur cause.
Quand le conflit éclate et tombe dans la violence lors d'un match de water-polo, le professeur décide de mettre fin à l'expérience. Mais il est trop tard. La Vague est incontrôlable...

Mon avis: +++++

Un film que l'on m'a recommandé et que j'ai tout de suite voulu voir. Pourquoi? Parce que je reste, dans le fond, une singulière germanophile, et surtout parce que le thème de la montée des dictatures a été, de très loin, mon préféré, tous programmes scolaires d'Histoire confondus. Mais je ne savais absolument pas à quoi m'attendre... Eh bien, cela a été un véritable coup de coeur! On rentre facilement dans le jeu en tant que téléspectateur et on se laisse dériver et entraîner sans même s'en rendre compte. À la question posée par l'enseignant, "Donc, on ne verra jamais une nouvelle dictature? C''est ce que vous dites?", surgit la réponse directe et formelle d'un élève:  "Ce n'est pas possible. On nous a assez mis en garde"... Dès cet instant, l'enseignant, tout comme comme le réalisateur, semblent mettre les élèves comme les téléspectateurs au défi, afin de montrer que les évidences ne sont qu'apparentes, et qu'à tout moment et dans toute société (en Allemagne ou ailleurs), selon les circonstances réunies (fragilité, crise et quête d'indentité), il soit tout à fait possible de recréer les bases pour l'installation d'un régime totalitaire. En y assistant, si on s'écoute, on se rendra compte (et cela nous gênera-t-il, sans doute) qu'une part de nous admire et s'identifie aux principes de base placés dans ce contexte: la sensation d'appartenance et d'identification à un groupe, le sentiment de puissance, la discipline et l'entraide inconditionnelle entre les membres...

Bref, cela a eu lieu (le Troisième Reich), c'est certes du passé, mais en recréant les bonnes conditions, le bon contexte, les bonnes victimes placées dans un cadre social insatisfaisant, guidées par un manipulateur ambitieux, visant loin et estimant n'avoir pas grand-chose à perdre (plutôt tout à gagner), on ravive tous les régimes totalitaires que vous voulez (c'est mon opinion et je l'assume). Le défi lancé par cet enseignant dans ce lycée en est un exemple placé, évidemment, dans un cadre spécifique (école = contexte social, adolescence = fragilité, enseignant = guide représentant la sagesse et la maturité).

Bravo au réalisateur Dennis Gansel, ainsi qu'aux acteurs ayant interprété l'enseignant, Jürgen Vogel, et l'élève profondément troublé par l'expérience, Frederick Lau.