La Sandale Infidèle et Ordinaire (suite)
Le trajet se déroule sans histoires. Il faut rendre grâce. C'est toujours un problème pour dépasser la longue et célèbre Rua das Laranjeiras. Le bus me dépose au centre ville en vingt minutes. Chouette!
Le coin du Castelo. Il me faudra traverser quelques rues du centre ville avant de parvenir au bâtiment du Gagne-Pain. Donc, environ dix minutes de marche. Pas de soucis. J'adore la marche et j'ai le pied solide. Je quitte l'arrêt de bus, traverse la rue et décide de m'acheter quelques bricoles à grignoter, pour la route. Et c'est là que les choses se passent plutôt mal.
Eh oui. Car ma sandale ne veut pas collaborer. Même pas un peu, figurez-vous. Peut-être ma tête ne lui revient-elle pas? J'esquisse un pas. Elle se rebiffe. Je perds l'équilibre. C'est la chute.
LA CHUTE. Je m'étale les quatre fers en l'air, mes mini barres de céréales fraîchement acquises s'éparpillent sur le sol, mon sac aussi, moi aussi, d'ailleurs. Je me retrouve au sol, sans trop savoir ce qui se passe. Au milieu des passants, en plein centre ville. Pfff.
J'essaie de me convaincre: bon, OK, cela peut arriver à tout le monde, relève-toi, récupère tes affaires et continue comme si de rien n'était... Pensez-vous. L'affaire s'avère plus compliquée. La lanière de ma sandale gauche a cédé, complètement, irrécupérable. Inutilisable. Pfff.
Là, je ne me dis pas que ça peut arriver à tout le monde. Là, je subis la honte devant tout le monde, en plein centre ville, je dois me rendre au Gagne-Pain, et je suis surtout bouillonnante de rage envers la sandale. Bouillonnante. Fumante.
Espèce de sandale ordinaire. Infidèle. Quelconque. Envie de vengeance!
Solution d'urgence? Ben, un taxi. Eh ouais. Qui passe par là et qui voit ma détresse. S'arrête et veut bien me conduire illico presto à Laranjeiras pour que je récupère une autre pair de sandales davantage prestatives, n'est-ce pas...!
Une demi-heure plus tard environ, je suis de retour, j'arpente les rues du centre ville, direction le Gagne-Pain. Avec une autre pair de chaussures au pied, cette fois des ballerines. Celles-ci semblent moins ingrates et plus faciles à vivre.
Ah, je vous jure...