Au Quotidien
Des anecdotes de ma vie de traductrice émergente. Croyez-moi, j'en vois de toutes les couleurs, et j'entends souvent de quoi ne pas vouloir en croire mes propres oreilles...
Allez, une des plus courantes, histoire de démentir des idées reçues et autres pseudo-vérités pré-établies:
"-Vous parlez quatre langues? Vraiment?
-Oui, vraiment. Quatre langues.
-Et quelle est votre profession?
-Traductrice.
-Ah ben oui, forcément. Si vous les parlez déjà, vos langues, c'est sûr que c'est un jeu d'enfant pour vous, non?
-C'est-à-dire?
-Ben, puisque vous les parlez déjà, vos quatre langues...
-Une personne qui maîtrise au minimum quatre langues est nommée polyglotte. Et un polyglotte n'est pas nécessairement un traducteur, voyez-vous. La traduction est un métier qu'on apprend, qu'on développe à travers la pratique et dont les ficelles doivent être entretenues au quotidien. L'acquis est la base du jour; l'esprit critique déterminera si l'on sait se servir du savoir et des acquis. Rien n'est totalement blanc ni noir, on apprend à relativiser, à se remettre en question, à se perfectionner chaque jour.
-Ah, d'accord... Vous avez toujours voulu faire ça?
-Oui, cela fait treize ans que j'aspire à ce métier. Mais c'est tous les jours que je m'engage à faire honneur à cette profession... en alliant maîtrise de la langue, techniques de la traduction, engagement, délais, transition entre cultures, recherche, curiosité, éthique professionnelle. Ce n'est pas la maîtrise de quatre, cinq ou six langues qui fait de moi une traductrice. C'est plutôt, au-delà du travail à accomplir, cet engagement que je prends chaque fois que l'on me confie une tâche."