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L'Auteur Dans Tous Ses États: le Blog, ©2007-2014
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5 mai 2011

Hauteur

Au-delà de la peur de la rencontre avec les mots, eh bien, nous avons aussi...  peur de ne pas être à la hauteur. Bon, allez, on se comprend. Tout être humain passe par là et dans tous domaines: il a peur de devoir se mesurer aux autres et à lui-même (encore pire!) et de découvrir qu'il n'est pas si exceptionnel. Bon, d'accord, de se découvrir nul. Autant utiliser de suite les grands mots.

Un exemple: on s'assoit pour écrire quelques lignes ou ce texte formidable avec plein d'idées baladeuses. On est plus qu'enthousiastes par rapport au thème, au texte en lui-même, que de la joie. Et puis, subitement, on se détache trop du texte (erreur!) pendant l'écriture: est-ce qu'il me faut vraiment utiliser ce vocabulaire? Et ce verbe-là est bizarre... et puis, en y pensant bien, ce paragraphe-là, il est quand même un peu... euh... pas trop à sa place, ici, on pourrait penser que, croire que... et puis, finalement, je ne suis pas sûre de... oh, et puis, zut. Il est nul, ce texte. Je n'y arrive pas. Pourtant, avec les autres, du mois dernier, cela coulait de source... pourquoi je n'y arrive plus? Que m'arrive-t-il? Je ne sais plus écrire. Je ne suis plus à la hauteur. L'ai-je été un jour?

Riez, plaignez-moi tant que vous voulez, je me sens souvent comme ça, par intermittence, pendant l'écriture du texte, c'est la période pendant laquelle je suis le plus vulnérable aux pensées sombres. De celles qui vous tirent vers le bas. Et sans une bonne tasse de thé, d'adrénaline et de passion pour la journée et d'attention pour les énergies positives aux alentours, ce texte finit à la poubelle en plus de temps qu'il n'en faudra pour le dire. Et pourtant, tout texte est bon à travailler, si on l'a produit, ce n'est pas pour rien. Mais je décrète ça maintenant, à l'heure qu'il est, à  laquelle je ne suis pas en train de mâchouiller mon stylo, ronger tous mes ongles de désespoir.

Bon, c'est la phase sombre que je vous décris là. Heureusement, pas la plus importante dans le processus du Gribouillage. Mais nécessaire, tout de même, pour affronter les défis. Pour les affronter, il faut admettre sa peur, pour mieux savoir choisir ses armes.

Bien sûr, je pourrais me contenter de dire que le Gribouillage est merveilleux, sans ombre au tableau. En ce qui me concerne, je serais en train de mentir par omission. Oui, il y a un côté indescriptible au Gribouillage, une sensation unique, vraiment, le bonheur, je dirais, quand on vit en harmonie, quand on fusionne avec ses écrits. Inégalable à tout autre sentiment. Unique en son genre. Quand on sent qu'on est parvenu à quelque chose. Pas parce que c'était facile ou court ou évident, mais parce qu'on y a joint aptitude et travail.

HauteurAprès la peur d'affronter ses démons, la peur de ne pas être à la hauteur. À outrance, l'un est aussi nocif que l'autre. Sans maîtrise, ils nous détruisent en un quart de tour. Le manque de confiance en soi, la peur, le doute tuent la créativité, ainsi que cette candeur dont nous avons besoin pour pouvoir nous émerveiller à chaque fois que nous reprenons la plume.

Je ne suis pas parfaite, et mieux vaut sans doute pour moi que je ne le devienne pas, j'y perdrais toute mon âme. Il n'y aurait plus de moi dans mes écrits, et s'il devait n'y avoir plus de moi dans mes écrits, c'est ce moment-là que je ne serais réellement plus à la hauteur. Non?

Je tâcherai de me souvenir de ces lignes chaque fois que des pensées diaboliques viendront polluer ma conscience. Pendant le Gribouillage.

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Commentaires
L
En fait, ce qui suit est une période pénible, mais dont on apprend peu à peu à apprécier les avantages, sans doute... On se reparle dans un an, chiche ;)
C
Alors pour moi, c'est tout l'inverse ! J'adore le premier jet et déteste à peu près tout ce qui suit lol!
L
L'écriture automatique (pour moi, l'échauffement et l'exercice avant le premier jet), quel bonheur. Je l'ai pratiquée non-stop pendant 15 balais (journal intime, histoires courtes, souvent sans queue ni tête, mais qu'est-ce que je me régalais!)...<br /> Le premier jet... mouais... période où je tâtonne... contrairement à ce que beaucoup me disent, le premier jet est un cap difficile pour moi (allez savoir!), car c'est généralement à ce moment-là que ça passe ou ça casse, pour moi. La période de la réécriture (suppressions/ajouts) est pénible, car elle demande une sacrée disposition et concentration, mais je la vis de mieux en mieux, maintenant! Sans doute parce que je me dis que je suis en train d'oeuvrer à l'amélioration de mon texte, cela me procure une bonne dose d'adrénaline, généralement...
C
En lisant ton article, je me dis que je connais bien ça. Cependant, j'ai 2 petits remedes : l'écriture automatique et le premier jet. L'un et l'autre se relisent plus tard, se corrigent encore plus tardivement et en plus, on évite de le montrer à qui que ce soit.
L
Bonne tactique, Astrid! Se concentrer sur ce que l'on fait, avant tout! À vrai dire, je partage un peu ton point de vue, c'est avant tout pour moi que j'écris, ça devient toujours plus compliqué quand on veut le montrer aux autres ;)
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